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L’histoire de l’Oxyde d’éthylène débute avec celle du développement de la Chimie organique au milieu du XIXe siècle. C’est le chimiste français Charles Wurtz, qui en 1859, prépara l’Oxyde d’éthylène et constata sa très forte réactivité. Celle-ci sera rapidement mise en application dans de nombreuses synthèses importantes (éthylène-glycol, éthers de glycol, détergents, polymères…).
Parfois il fut utilisé pour la préparation du Gaz moutarde, aussi dénommé Ypérite, gaz de combat aux effets dévastateurs pendant la guerre de 14-18… et dont il existe encore à travers le monde (Libye…) des stocks illicites !
Pendant des décennies, les principaux dangers de l’Oxyde d’éthylène mis en avant, ont été sa très grande inflammabilité et sa facilité à exploser. Sa toxicité aigüe modérée, surtout de par son pouvoir irritant, rend l’Oxyde d’éthylène, en faible concentration, légèrement agressif. Par contre à forte concentration, c’est un irritant pour le tractus respiratoire et c'est de plus un allergisant et un neurotoxique.

 Ce sont des équipes de chercheurs suédois, qui les premières à partir de 1968, entreprirent plusieurs études épidémiologiques, concernant l’impact de l’Oxyde d’éthylène sur la santé des travailleurs. Ces études, très documentées, portaient sur des usines de production, mais surtout sur des lieux d’utilisation de l’Oxyde d’éthylène, en particulier dans les hôpitaux où il était couramment utilisé comme agent de stérilisation des instruments chirurgicaux.

Après neuf ans de suivi, les équipes des professeurs Hogstedt et Ehrenberg (Stockholm) conclurent que l’Oxyde d’éthylène est un agent cancérogène chez l’Homme, entraînant par rapport à une population témoin, des leucémies et dans quelques cas des cancers de l’estomac.

Ultérieurement ces résultats furent critiqués, à cause de la présence d’autres composés toxiques dans les atmosphères de travail.

Les résultats de l’expérimentation animale et les données sur la forte réactivité in vivo de l’Oxyde d’éthylène, vis-à-vis des Protéines cellulaires (Hémoglobine…) et de l’ADN (ce qui peut entrainer des effets mutagènes), ont conduit en 1994, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC de Lyon) à classer l’Oxyde

Un bref historique oxyde déthylène Fotolia 73893245 XS d’éthylène dans le groupe 1 des agents cancérogènes chez l’Homme.
Par ailleurs, les chercheurs suédois (Ehrenberg …) ont mis en évidence, une bonne corrélation entre le niveau d’exposition à l’Oxyde d’éthylène et la formation d’un adduit N-Hydroxyéthylvaline-Hémoglobine (qui est donc un adduit proteïque sur la fonction amine de la Valine), ce qui peut servir à la surveillance biologique en milieu de travail, des ouvriers exposés à l’Oxyde d’éthylène.

 

L’Oxyde d’éthylène, continue d’être un modèle de cancérogène direct et plusieurs équipes internationales s’évertuent à faire progresser nos connaissances sur cette petite molécule, si agressive pour les êtres vivants.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

  • Hogstedt C, Roheen O., Berndtsson B.S., Axeeson O., Ehrenberg L. (1979). A cohort study of mortality and cancer incidence in Ethylene oxide production workers. Brit.Ind.Medecine. (36), 276-280.
  • Hogstedt C., Aringer L., Gustavsson A. (1986) Epidemiologic support for Ethylene oxide as a cancer-causing agent. JAMA. 255(12), 1575-1578.
  • ATSDR (1990). Toxicological Profile for Ethylene oxide. U.S. Public Health Service. Agency for Toxic Substances and Disease Registry.
  • IPCS (1999). International Programme on Chemical Safety. Ethylene oxide. Environnemental Health Criteria n° 55. World Health Organization, Geneva.
  • CICAD (2003). Ethylene oxide. Concise International Chemical Assessment Document n° 54. World Health Organization, Geneva.
  • INRS (2006). Oxyde d’éthylène. Fiche toxicologique n° 70. INRS, Paris.
  • Picot A et Montandon F. (2012). L’Ethylène. Chapitre V : les Alcènes. Tec & Doc, Lavoisier-Record, Paris. Tome : Ecotoxicochimie : L’Exemple des Hydrocarbures. Parution : 1er trimestre 2012. p 229-238.